Pierre - 29/12/2007
Nous voilà dans le chapitre de ce que Michael Jackson (pas le chanteur !) appelait "les bières d'enfer". Bières cousines des triples d'abbayes ; comme quoi, anges et démons aiment les mêmes bières.
Nous les appelons "blondes fortes belges", parfois "strong belgium pale ale"… des appellations vagues, mais dont nous devrons nous contenter.
Ce sont des bières blondes, parfois légèrement cuivrées, limpides, claires et dorées. Elles se font passer pour des bières toutes simples, mais gare au démon qui sommeille. Avec un degré alcoolique compris entre 8 et 11%, ces diablesses ont de quoi vous ensorceler.
Tandis que les triples sont des blondes fortes penchant vers le malt et les goûts complexes (fruités, boisés), les "Bières d'enfer" sont plus pures, plus houblonnées, un poil plus rondes et leur complexité, bien présente, se fait toutefois discrète et ne se révèle qui si on y prête attention. Frappées, elles seront un apéro parfait pour ouvrir l'appétit : fortes, légères de corps cependant et houblonnées à point. En dégustation, on les boira un peu plus chaudes pour se délecter des arômes houblonnés souvent de très belle qualité.
Mais nous ne pouvons pas présenter les démons sans introduire le diable, la reine de toutes ces bières, celle qui est à l'origine du style mais qui en est aussi sans aucun doute la plus parfaitement réussie.
La Duvel est la bière phare de Moortgat. Cette brasserie fabriquait originellement des ales foncées. S'adapter aux tendances fut un de ses points forts : elle créa, en s'inspirant de la Mc Ewans, une scottish ale, à l'époque où ce style faisait fureur en Belgique après avoir été apporté par les soldats écossais de la grande guerre.
Puis, ce fut l'époque des pils et de l'industrialisation brassicole. Elles conquéraient le monde, balayant les petites brasseries sur leur passage. Elles finirent par s'imposer comme le type de bière le plus bu, même en Belgique, pays on ne peut plus brassicole. Moortgat chercha à créer une bière d'apparence de pils mais de complexité d'ale belge.
Une blondeur dorée pour l'esthétique ; de la force et du caractère pour le goût et un corps léger pour le rafraîchissement.
La Duvel est créée dans les années 1930 (*) grâce aux travaux de l'ingénieur Jean de Clerck. En effet, créer une blonde pâle si dense (8,5% d'alcool) était une première. En utilisant du malt pilsener très pâle et en prenant garde d'éviter toute caramélisation ou autre processus susceptible de foncer la bière, il réussit à mettre au point une blonde à peine plus colorée qu'une pils. Mais ce ne fut pas la seule innovation : la Duvel découle d'un procédé de fermentation et maturation complexe lui conférant limpidité, force et surtout sa mousse inoubliable.
A partir d'orge d'été spécialement malté, la Duvel est brassée par infusion (voir brassage). Le houblon (du saaz et su styrian goldings) est ajouté en trois fois pendant l'ébullition.
Vient ensuite la première fermentation : cinq jours en fûts autour de 20°C puis, refroidissement à 3°C. Trois semaines de maturation à cette température suivent avant une ultime descente à -3°C qui permet l'endormissement et donc la précipitation des levures. La bière est ensuite filtrée (grâce à la précipitation, la filtration est très efficace). On rajoute du sucre et une nouvelle levure au breuvage. Cette dernière a été changée pour présenter une meilleure compacité, toujours afin d'accroître les qualités esthétiques.
La bière est ensuite embouteillée et refermente tranquillement pendant deux semaines dans des entrepôts à 22°C avant d'être refroidie (4-5°C) pendant six semaines pour ralentir et stabiliser la refermentation.
Duvel… Un nom diabolique pour une bière si perfectionniste. Une bière qui en a inspiré des dizaines… A l'origine d'un style à part entière auquel il ne manque qu'un nom…
Dans l'ouvrage du très réputé et très regretté Michaël Jackson, il est fait mention de l'année 1970 comme tournant de la scottish ale vers la Duvel Blonde.
Nous avons un temps relayé cette information. Cependant, grâce à des échanges avec deux fils de Jean de Clerck, nous avons remarqué que cette date était erronée. Omission ou erreur ? L'année 70 marque uniquement le début du gigantesque succès commercial de la Duvel. Cependant, la version blonde existait depuis les années 30. La date n'est pas connue avec précision, la seule date certaine est 1919, lorsqu'Albert Moortgat ramena d’Écosse la levure pour la scottish ale. Il semble que la création de la blonde suivit de très près. Cette erreur est-elle due à une co-existance des deux bières ? Historiens, à vos archives !
Nom | Goût | Amertume | Soif | Tx Alcool | Brasserie | Pays | Fermentation | Remarque |
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Amarillo | 4 | 2 | 0 | 9.2 | br. de Molen | Pays-Bas | haute | Imperial IPA |
Belzébuth | 1.5 | 0.5 | 0 | 13 | br. de Gayant | France | haute | Blonde forte |
Brigand | 2.5 | 1 | 0 | 9 | Van Honsebrouck | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Brunehaut Village | 2 | 0 | 1 | 6.5 | br. Brunehaut | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Bush Blonde | 2 | 0.5 | 0 | 10.5 | Dubuisson | Belgique | haute | Blonde forte |
Bush Blonde Triple | 2 | 0.5 | 0 | 10.5 | Dubuisson | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Celtika | 3 | 0 | 1 | 8.8 | br. de Bretagne | France | haute | Bière blonde |
Delirium Tremens | 3 | 0.5 | 1 | 8.5 | br. Huyghe | Belgique | haute | Blonde forte |
Duvel | 3 | 1 | 1 | 8.5 | Duvel Moortgat | Belgique | haute | Blonde forte |
Duvel Tripel Hop 2014 Mosaic | 3.5 | 1.5 | 0 | 9.5 | Duvel Moortgat | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Heen & Weer | 3 | 1 | 0 | 9.5 | br. de Molen | Pays-Bas | haute | Triple blonde |
Julien Blonde Forte | 3 | 0 | 1 | 8 | br. de la Cère | France | haute | Bière blonde |
Lichtervelds Blond | 3.5 | 2 | 0.5 | 9 | De Dolle br. | Belgique | haute | Blonde forte |
Mère Noël (la) | 2.5 | 1 | 0.5 | 8.5 | br. Huyghe | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Piraat | 2 | 0 | 0 | 10.5 | Van Steenberge | Belgique | haute | Blonde forte belge |
Queue de Charrue Triple | 3 | 0 | 0 | 9 | Van Steenberge | Belgique | haute | Bière blonde forte |
Super Power | 3.5 | 2 | 0 | 8 | br. du Pays Flamand | France | haute | Bière blonde |
Vaudrée Blonde (la) | 3 | 1.5 | 0 | 10.5 | Van Steenberge | Belgique | haute | Bière blonde forte |
What the Fuck - Palisade Sorachi Ace | 3.5 | 1.5 | 1 | 7 | White Pony/’t Gaverhopke | Italie | haute | Belgian IPA |
/5 | /2 | /2 | en % |
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On entend aussi parler des bières dite "diabolique" je pense que la Duvel caractérise bien cette "catégorie" vue que son nom signifie démon en flamant, d'autre part on peu aussi cité la diabolichi , la Satan et la Lucifer dans cette même "catégorie"
14/3/2014 à 0h04
Merci pour cet article qui est on ne peut plus constructif selon moi. Je n’ai jamais entendu cette bière d’enfer ou diabolique comme vous dite là. Pourtant, j’ai passé pas mal de temps en Belgique. C’est peut-être dû au fait que je ne bois presque jamais.
3/12/2020 à 2h47
Je suis étonné par la façon dont vous avez expliqué les choses dans cet article. Cet article est très intéressant et je suis impatient de lire plus de vos messages. Merci de partager cet article avec nous.
26/2/2021 à 9h07
Pour des bières, je peux dire que les blondes fortes de Belgique sont parmi les plus forts. Perso, je ne pourrais jamais avaler plus d’un verre de ce dernier. De plus, je ne bois qu’occasionnellement.
1/3/2021 à 9h30
Guide-bière.fr - Le Petit Bourré
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